Livre Myst V : Les cahiers de Yeesha
De Mystpedia.
Sommaire |
Présentation
Le cahier N° 1
Ces pages relatent mon voyage, mon histoire, mon parcours. Le but n'est pas de dissimuler mais de révéler. Par la poésie ou la prose, de façon claire ou évasive, longuement ou brièvement. Coucher ces mots sur le papier apporte la paix à laquelle aspire mon âme tourmentée. Les mots doivent s'écouler de moi ou j'en mourrai.
Ces mots sont les miettes que je sème sur mon chemin. Quiconque les mange en apprend plus sur moi.
Le cahier N° 2
Je découvre où je suis en comprenant d'où je viens.
Et tout ce que j'étais est lié à l'île de Myst, le refuge.
Je dois savoir où ils se trouvaient, eux aussi. Mon héritage, mon peuple, ma famille.
Mon père, prisonnier de ce qui est caché et de ce qui est révélé. à€°levé par Ti'ana qui lui dissimula la vérité. Mais Ti'ana a dissimulé par amour, tandis que Gehn a révélé par avidité.
Mère également, simple esclave de ce qu'elle savait et ressentait. Gehn lui apprit à écrire ce qu'elle savait. Puis Ti'ana lui enseigna comment écrire ce qu'elle ressentait. Mais l'enseignement de Gehn l'a emprisonnée, tandis que celui de Ti'ana l'a libérée.
En fin de compte, par le caché et le révélé, par le connu et le ressenti, par le bien et le mal, par les dieux et les démons, ils sont venus ensemble. Ensemble, ils sont venus : Père flottant et Mère se préoccupant, Père sachant et Mère ressentant.
Et mon arrière-grand-mère Ti'ana observait, et mon grand-père Gehn chutait.
Ainsi commença notre chemin de croix.
Ti'ana fà»t appelée la destructrice mais elle les a réunis – et vécut avec eux sur l'île de Myst.
Père n'arrivait pas à conserver la simplicité de Myst, y apportant de nouvelles structures et de nouveaux Âges. Mère ne pouvait conserver la solitude de Myst, y apportant deux fils, mes frères Sirrus et Achenar. Ils devinrent forts, avides, envieux, comme leur grand-père Gehn, incapable de maîtriser le pouvoirs des Livres, le pouvoir d'écrire des Âges.
Il en résulta que tous devinrent prisonniers de leur propre refuge.
Je ne retournerai jamais à cet endroit.
Le cahier N° 3
La fierté est une voleuse. Elle a volé l'âme du peuple D'ni. Et elle a volé mes propres frères. La tentation était trop grande. Ce n'est pas le pouvoir, mais le désir du pouvoir qui détruit. Ce pouvoir coule dans mes veines. C'est le sang de mes ancêtres, le sang de ma chair. Je le combats mais encore aujourd'hui, il m'attire.
Mon Père a tenté de cacher ce qu'il chérissait, ses Livres et ses Ages et mes frères firent de même avec la richesse et le pouvoir. Père était trop confiant ou naà¯f et des Ages et des hommes disparurent.
Et ma famille fut emprisonnée. Mes frères dans les Ages que Père avait écrit, Père dans une prison D'ni dont il s'était échappé étant jeune, et Mère dans le monde qu'elle aimait et craignait par-dessus tout, Riven, son foyer, son refuge.
Voilà peut-être pourquoi je crains mon foyer, mon refuge.
Puis, grâce au Créateur, ou au parchemin, un étranger découvrit le Livre. Le LIvre aurait du être détruit par le feu mais, grâce au Créateur ou au parchemin, il fut emmené loin d'ici. Le Livre a été préservé, certainement par le Créateur, afin d'apporter l'aide nécessaire.
Le temps est venu. Un étranger a découvert le Livre, est venu sur l'île et a libéré Père. La leçon a été apprise, une amitié est née.
L'amitié.
Les Humbles sont mes amis. Je dois les utiliser avec sagesse. Les écouter. Et les respecter. Ils sont puissants, ils sont volontaires et ils ont peur.
Le cahier N° 4
L'étranger, l'ami, est de nouveau revenu pour aider Père à sauver Mère. Imaginez, un étranger, venant à Riven, risquant sa vie, sans rien demander en retour. Les mots humilité et altruisme me viennent à l'esprit.
L'humilité: c'est ce qui libère les prisonniers, ni plus, ni moins.
Gehn, mon Grand-Père, mon héritage, ce monstre qui se croyait un dieu, fut de nouveau emprisonné. Peut-être règne-t-il encore sur cet endroit vide et désolé, déchiré par la fierté et l'amertume de son coeur. Mais il est plus probable qu'il se trouve dans un autre endroit vide et désolé, empli de pleurs. J'espère qu'il est malheureux. Je ne peux lui pardonner ce qu'il a fait.
Cela ronge mon coeur.
Je le hais, car j'ai les mêmes désirs que lui. Père et Mère revinrent ensemble au refuge, sur l'île de Myst. Mais ce n'était qu'une coquille, un endroit où exister, un lieu déchu, déchiré par la fierté comme le fut la grande cité de D'ni.
Tout comme moi. Déchirée.
Qu'est-ce qu'un étranger? Quelqu'un qui n'est pas moi? Parfois, pourtant, je me sens étrangère à moi-même. Je me divise. Je connais une partie de moi et ignore l'autre. D'où vient cette autre? Laquelle est moi?
Le cahier N° 5
Je suis lasse du Bâtisseur.
Oui, certains croient les prophéties qui prédisent la restauration de la ville oubliée de D'ni. Ils ont déjà essayé et ils réessaieront. Mais l'échec sera toujours au bout du chemin.
Même ceux que mon Père guidait ont échoué. Ils ont beaucoup appris de la Création et du Créateur. Ils ont appris des Bahro, des Humbles et de vérités plus profondes. Ils ont appris de Père et de sa sagesse dans la reconstruction et la réecriture.
La cité D'ni est revenue la vie pendant un moment. On enterra les morts et on s'occupa des vivants. D'ni respira, le souffle court et laborieux. La sève coulait mais l'arbre ne poussait pas, car il n'y avait pas de Bâtisseur.
Même Père ne le vit pas telle que je le vois maintenant.
Le Bâtisseur n'est pas venu.
Je ne suis pas venue.
Je suis le Bâtisseur.
J'ai échoué.
Et je pense avoir la moindre valeur? Je ne suis rien, un enfant ratée, née de parents ratés, de grands-parents ratés. Combien de générations devront échouer avant que nous n'abandonnions? Pourquoi même essayer?
J'ai déjà échoué avec la Tablette. Et il n'y aura pas de seconde chance.
Et pourtant je rêve de la tenir encore pour réessayer.
Le cahier N° 6
Tomahna, chez moi, l'endroit d'où je viens: l'endroit où j'ai commencé. J'étais une étincelle de joie pour Père et Mère alors que leur feu était déjà consumé. Quelle aurait été notre joie si mes frères avaient été là aussi?
Toujours déchirée.
Père et Mère m'aimaient et partageait tout avec moi, leur oiseau du désert. Père partageait sa sagesse et ses connaissances. Mère ses visions et ses rêves.
Quand ont-ils connu ma destinée? Surement pas depuis ma naissance. En y repensant, ils en savaient tant, ils voyaient si clairement. Ils ont planté et arrosé, afin que j'apprenne à faire de même. Je ne l'ai compris qu'après les avoir perdus de vue.
Suis-je le Bâtisseur parce qu'ils me l'ont enseigné ou m'ont-ils enseigné parce que je suis le Bâtisseur?
Déchirée.
La paix n'était pas encore sur nous. Du passé surgit un ennemi, avide de revanche. Pour la 3ème fois, nous reçà»mes de l'aide. Sans cette aide, où serions-nous? Y aurait-il un Bâtisseur? Y aurait-il quoi que ce soit à bâtir?
Tout était si fragile.
Je dois être ici grâce au Créateur, cela aurait un sens.
Ou peut-être n'est-ce qu'un rôle, et cela n'a aucun sens.
Le cahier N° 7
J'étais très jeune quand je me suis sentie forte. J'étais jeune mais je pensais comprendre. J'avais de nombreux talents et peu de sagesse. Il eà»t mieux valu l'inverse.
Je pensais faire quelque chose d'important pour nous, mais c'était folie pour moi. Je pensais réunir notre famille en ramenant la joie que nous avions connue. J'ai presque mis un terme à la vie même.
Encore une fois, un ami vint apporter son aide.
Je pense désormais que les choses ne peuvent revenir à leur état initial. Mes frères n'auraient pas du être libérés. Mais le Créateur a su tirer du bien de mon piètre choix et Achenar a été racheté.
Mes larmes coulent tandis que je rédige ces souvenirs. J'ai causé, et subi, tant de peines et de souffrances. Mais je suis soulagée. Je serais aussi puissante que les Bahro.
J'ai hâte d'être aussi forte.
Ils chanteront leur reconnaissance. Ils chanteront sans tenir compte de leur situation. Ils se lèveront et chanteront pour le Créateur, le coeur empli de joie. Si seulement mon coeur pouvait ressentir cela.
Le cahier N° 8
Seule.
Il existe un lien puissant entre le dedans et le dehors, le dessous et le dessus. Une entaille, une embouchure, un puits, une fosse. Je voulais faire le voyage depuis l'endroit où les D'ni ont creusé, atteignant presque la surface. Depuis l'endroit où Ti'ana a grimpé pour la première fois, où Père a suivi le mal dans le sol.
J'ai commencé ce voyage en portant un fardeau. C'est Ti'ana qui vint aux D'ni, causant leur perte. Je tiens d'elle. Je suis destinée à provoquer de nouvelles destructions.
Père et Mère ont cherhcé àme préparer, à me dire qui ils pensaient que j'étais. Je perçois encore leur pouvoir. J'ai pris le meilleur des deux, et leur fardeau. Et tandis qu'ils me regardaient partir, je vis leur tristesse et leur peur. Plus terrifiant encore, je vis leur espoir.
je quittai mon confort pour me trouver. Et alors même que je quittais Tomahna, mes épaules s'affaissèrent sous le poids de mon fardeau. Prophéties profondes et pesantes destinées.
J'ai tant à apprendre et à comprendre sur moi-même. Père disait qu'on ne peut jamais comprendre, seulement comprendre mieux.
Plus je comprenais et plus je me fortifiais, plus je devenais dangereuse et moins je comprenais.
Le cahier N° 9
J'étais loin de chez moi, je n'étais plus une enfant.
J'ai voyagé loin de chez moi, loin en moi-même, loin dans la terre, dans les grottes D'ni. J'étais seule depuis longtemps lorque j'ai consommé mon héritage, aspirant à pleins poumons l'air de la grotte et le savoir de mon peuple.
Mais le désir de compagnie m'a rendue folle.
J'engagai un sénomar comme confident et un poisson-tred du port devint mon petit frère. Je leur parlais comme à des membres de la famille et je suis prête à jurer qu'ils me répondaient.
Mon esprit bascula un peu plus dans la folie lorsque j'entrai dans la bibliothèque de Ae'gura et vis un vieil homme D'ni sur le sol. Je me mettais à imaginer des gens pour apaiser ma solitude.
Mais il était bien réel. Il s'appelait Calam. C'était un Ecrivain d'Ages D'ni.
La confiance ne fut pas immédiate. Nous étions en conflit. Je ne respectais pas les anciennes règles D'ni et il craignait ma créativité. Nous nous sommes affrontés, craints, battus, nous avons hurlé jusqu'à ce que, épuisés, nous apprenions l'un de l'autre. Nous avons découvert nos pouvoirs mutuels comme Père et Mère avant nous.
J'ai donc appris l'Ecriture avec tout le talent des D'Ni, au-delà de tout ce que mes parents m'avaient enseigné.Mais leurs leçons provenaient d'un instructeur défaillant et de leurs propres essais et erreurs. J'appris à écrire grâce à un Maître: une chance que Père n'a pas eu. Les talents de Calam étaient stupéfiants, comprenant l'ensemble des connaissances des D'Ni.
J'enseignais autant que j'apprenais. Les D'Ni s'interdisaient de tout Ecrire, craignaient des mots, rejetaient des concepts. Règles et cadres. Je ne subissais pas ces contraintes culturelles, j'allai donc plus loin, posant des questions dont Calam et moi cherchions les réponses.
C'est ainsi que nous découvrîmes les Bahro et la Tablette. Je découvris son pouvoir. Nous gagnions en conaissance et en force et Calam devint un ami très cher. Je me mis à songer qu'il devait être le Batisseur.
Mais le mal vous retrouve même dans les profondeurs de la terre et Calam fut assassiné.
Le cahier N° 10
Le pouvoir est un cadeau. Et une malédiction.
Je découvris le terrifiant pouvoir dont j'usais ce jour, le jour de la mort de Calam. Dans un accès de colère, j'anéantis le meurtrier et mis fin à mon innocence.
Une fois de plus, je compris que les choses ne peuvent revenir à leur état initial.
Mon pouvoir continuait de grandir et je commençais à réaliser que les Prophéties du Bâtisseur parlaient peut-être de moi. Mon destin s'accomplissait. Mais ce n'était pas terminé.
Les Humbles Trompés. Maltraités. Incompris. Ignorés. On se moquait d'eux, on les méprisait et bien que leurs coeurs en saignent encore, ils continuent de servir.
Malgré tous leurs pouvoir, ils servent. Ils m'ont traitée avec bonté, j'ai beaucoup appris d'eux. Ils respectaient ce que je devenais. A leurs côtés, j'appris de nouvelles lois et règles, de nouveaux pouvoirs.
J'avais le pouvoir de soigner un arbre en devenir et la Tablette me permit de me développer bien plus que Ti'ana, Père et Mère, les D'Ni ou Calam.
La Tablette les tenait. Les enchaînaît.
La Tablette me tenait. Me donnait du pouvoir.
J'observais, attendais et apprenaient avec eux. Je les appelais depuis ma captivité et grandissais alors qu'ils se rassemblaient. Ensemble nous devînmes fort et faibles.
Puis mon heure arriva. L'heure de prendre la Tablette, de choisir. J'étais prête. Je ressentais le besoin de la tenir, de canaliser et de libérer le pouvoir des Bahro. Pour corriger les erreurs et rétablir les choses comme elles devaient l'être. J'allais faire les bons choix, je ne pouvais échouer. Je suis le Bâtisseur.
J'étais si sà»re, si forte, si sage mais je n'ai pas su m'ouvrir et écouter le Créateur. Mon propre bruit noya sa voix paisible.
Et j'échouai. J'échouai à voir au-delà de moi, à voir l'évidence. La douleur survint rapidement lorsque j'eus réalisé ce que j'avais fait. La Tablette repartit et les Bahro continuèrent de servir. La douleur me tourmente encore.
Les puissants Bahro ne font qu'attendre et servir. La douleur sert souvent de leçon. Mais ce n'est pas à nous de la distiller, nous ne sommes pas les enseignants. Nous ne devons pas abuser d'eux. Abuser des Bahro.
Le cahier N° 11
Comment n'ai-je pas vu le bon chemin? Je le vois si clairement aujourd'hui. Aurai-je une autre occasion de rétablir les choses?
Ils sont venus. A D'Ni, ceux qui se sont sentis appelés. Je le pressentais. J'étais prête à les accueillir et je leur ai montré le chemin. Je leur ai parlé de la fierté des D'Ni, de leur foi en leur pouvoir, en leur force et les raisons qui firent qu'ils échouèrent.
Quelques-uns comprirent. Ils me suivirent. Je suis le Bâtisseur, je leur permettrai de reconstruire.
Un fardeau supplémentaire.
Mais quelle est la tâche d'un Bâtisseur? Père a écrit un nouvel Age, mais l'arbre n'est pas un lieu, c'est un peuple, le coeur d'un peuple. C'est cela qui doit se développer.
Si seulement j'avais une autre occasion de rétablir les choses. La Tablette est la clé, comment ai-je pu échouer?
Le cahier N° 12
Je sais quoi faire. Je le vois clairement. Une autre occasion de déterminer le destin de la Tablette. Je le sens.
Etre si proche et pourtant impuissante, cela me rend folle. La Tablette est là, emprisonnant le pouvoir des Bahro, et moi seule sait quoi faire. J'ai déjà échoué, mais pourquoi? Pourquoi suis-je punie alors que j'aurais pu accomplir tant de choses? Les règles semblent arbitraires , seul le Créateur les comprend.
L'héritage de l'échec. Je vois maintenant une dernière chance de rétablir des générations d'erreurs. De libérer un pouvoir retenu depuis des milliers d'années. A portée de mes mains. Je sais quoi faire mais je ne peux en parler de peur de briser les règles, d'affaiblir les coeurs, de souiller l'acte, de salir l'innocence.
J'ai fait un rêve...
Je porte les germes des D'Ni, les germes de tout ce qui constitue les D'Ni, dans une petite grotte. J'arrive au bout de la route et j'aperçois deux trous. Un au-dessus de moi, l'autre en-dessous. Par celui du bas, je vois la caverne des D'Ni et une grande cité. Par celui du haut, je vois le ciel et le soleil.
Une voix m'appelle. Dans quel trou veux-tu planter la graine?
Je sais qu'il est aisé de lâcher la graine dans le trou du bas et qu'il est impossible de la lancer dans celui du haut. J'interpelle la voix pour lui demander conseil.
Et la voix me répond: "Ne lâche pas la graine dans le trou du bas, car cela est facile mais c'est la voix du passé. Ne lance pas la graine vers le haut car c'est difficile et cette tâche est dévolue à un autre. Où veux-tu planter la graine?"
Et je sais quoi faire.
Je sais que je suis le Bâtisseur.